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Le stockage de carbone en agriculture

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Comment est stocké le carbone ? Quelles sont les pistes de réflexion pour augmenter ce stockage sur une exploitation agricole ?

Pourquoi l'expression "Stocker du carbone" cache deux notions différentes en réalité ?

 

 

 

L’agriculture joue sur deux tableaux

Comme nous avons pu le voir la semaine dernière, l’agriculture représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) françaises. Toutefois, contrairement aux autres secteurs d’activités comme le bâtiment, les transports ou encore la production d’énergie, l’agriculture est capable de capter et stocker du carbone dans la biomasse et les sols. Elle a donc la capacité de diminuer une partie de ses émissions de GES.


« Stocker du carbone », une expression qui cache plusieurs aspects

Quand on entend « l’agriculture stocke du carbone », il faut déjà comprendre comment ce carbone est stocké :

  • Dans la biomasse des végétaux : le carbone présent dans le dioxyde de carbone (CO2) est capté depuis l’atmosphère dans le cadre de la photosynthèse des végétaux. Après plusieurs réactions chimiques, ce carbone est absorbé par la plante sous forme de sucre pour produire son énergie.
  • Dans les sols : le carbone est présent dans la matière organique (humus) issue en partie de la décomposition de débris végétaux (résidus) et animaux (déjections, cadavres).
     

Maintenant, le verbe « Stocker » est en réalité un abus de langage qui a deux significations possibles.

Il peut signifier « Maintenir le stock de carbone déjà en place ». L’objectif est de conserver le carbone dans les sols pour ne pas engendrer des émissions de CO2 supplémentaires liées à une accélération de la minéralisation. Comme le montre la figure ci-contre, ce stock en place est le plus important sous les prairies et les forêts dans les 30 premiers centimètres du sol.



Il peut aussi désigner une dynamique de stockage : « Augmenter la quantité de carbone stockée ». Dans ce cas, il s’agit d’accroître la quantité de carbone captée par les végétaux en prélevant du CO2 issu de l’atmosphère pour l’intégrer ensuite dans les sols (séquestration) par exemple. D’après l’INRAE, la quantité de carbone issu de l’atmosphère captée par une prairie est de 110 kg de carbone/ha/an et 170 kg de carbone/ha/an pour une forêt (pour information : 1 kg carbone = 3,7 kg CO2).

Il faut en revanche noter que l’augmentation des quantités de carbone stockées dans les sols est très forte dans les premières décennies de croissance, et stagnent ensuite au bout de 30 à 40 ans, les entrées et les sorties finissant par se compenser.

Comment faire en agriculture ?

Plusieurs leviers sont à la disposition des agriculteurs pour à la fois maintenir le stock de carbone en place, mais aussi accroître les quantités de carbone stockées.

Pour les prairies permanentes, il s’agit avant tout de les maintenir pour conserver le carbone en place, leur retournement engendrant une minéralisation rapide la matière organique stockée et donc des émissions de CO2. Pour les cultures, c’est là que la marge de manœuvre est la plus importante : implantation de prairies temporaires et/ou d’intercultures, apport de matières organiques, diminution de la fréquence de labour, etc. Il est aussi possible d’implanter des haies ou encore de pratiquer l’agroforesterie sur des parcelles avec un sol profond. Les possibilités sont multiples et s’adaptent à la situation de chaque ferme !

La semaine prochaine, nous verrons des ordres de grandeur de l’empreinte carbone des élevages de bovin lait à l’échelle régionale et nationale pour mieux appréhender notamment les différences entre systèmes.


Contact : Corentin MUSSIER au 03 84 77 13 26