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Les Chambres d'agriculture ont cent ans !

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1924-2024, une histoire et des étapes clés au service de l'Agriculture française

 

 

 

 
Un siècle écoulé, 100 ans d’histoire et une agriculture qui a réussi à s’adapter aux évolutions majeures de notre société. Au sein de chaque période, les Chambres d’agriculture ont joué un rôle central.

1924-1945 : les Chambres d’agriculture, partenaires de la reconstruction agricole française

Après la première guerre mondiale, qui a eu des répercussions considérables sur les exploitants et la main-d’œuvre, compte tenu des importantes pertes humaines et malgré la mobilisation des femmes, l’exode rural se poursuit à grands pas, entraînant du retard dans la modernisation de l’agriculture française par rapport à d’autres pays, notamment en Europe du Nord.
Dans le même temps, l’amélioration des conditions de vie et les progrès dans les domaines économiques et sociaux modifient le visage des exploitations : accès à l’eau courante et à l’électricité, à la propriété en proposant aux futurs agriculteurs des emprunts à taux réduits.

Avec la loi du 3 janvier 1924, initiée par Joseph Faure, sénateur de Corrèze, les Chambres d’agriculture voient le jour sous la forme de collèges de paysans élus qui doivent permettre l’application des réformes nationales dans les départements et notamment d’accompagner le remembrement des terres agricoles dont le principe avait été décidé en 1919. Les exploitations et l’agriculture française se (re)structurent pour faire face à une production étrangère moins chère et largement importée avec le développement du commerce mondial. Ainsi, les Chambres d’agriculture se prononcent dès 1936 pour la création d’offices de régulation dont celui du blé pour stabiliser le marché de cette céréale essentielle, afin de garantir des revenus aux producteurs par une politique de prix dirigiste.
 

1946-1962 : les Chambres d’agriculture au cœur de la révolution de l’agriculture

À la sortie de la deuxième guerre mondiale, tout est à reconstruire, y compris l’agriculture dans un contexte d’exode rural important. La France ne parvient pas à nourrir sa population, sauf au prix d’importations érodant durement la balance commerciale. En 1947, le plan Marshall permet la remise en route du système agricole français. Les Chambres d’agriculture sont mises à contribution pour accélérer la modernisation, la mécanisation et la formation des agriculteurs à l’utilisation des machines. Elles sensibilisent les jeunes agriculteurs et les aident à se moderniser grâce à l’accompagnement des conseillers des Chambres d’agriculture. Les effets de ce développement se font vite sentir et les premières règles viennent encadrer la concurrence entre pays membres du marché commun créé par le traité de Rome en 1957. Parallèlement, en France et dès 1960, est promulguée la première loi d’orientation agricole. Les Chambres d’agriculture se positionnent résolument en faveur de la défense et du maintien d’une agriculture fondée sur des exploitations de taille moyenne. L’année 1962 sera déterminante dans l’histoire de l’agriculture européenne avec la mise en œuvre de la Politique Agricole Commune (PAC), 1ère vraie politique européenne après celle du charbon et de l’acier et qui le restera longtemps, mais également de la loi d’orientation agricole dite Loi Pisani créant les groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC), permettant l’exploitation à plusieurs « dans des conditions comparables à celles existant dans les exploitations de caractère familial ».
 

1963-1980 : les Chambres d’agriculture sur tous les fronts

Malgré un contexte de baisse du nombre d’agriculteurs, la période est marquée par le passage d’une agriculture de subsistance à une agriculture de productivité. Une logique productive qui va engendrer une hausse de la production permettant d’aller vers l’auto-suffisance alimentaire.
En effet, dans les années 70, la production agricole européenne dépasse la demande entraînant une chute importante des prix, particulièrement pour les produits laitiers. Cette crise conduira notamment à la mise en place des quotas laitiers en 1984. La France développe une véritable politique de soutien en faveur de son agriculture, avec notamment en 1973, la création de la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA). En 1972, une politique de soutien aux exploitants des territoires de montagne est mise en œuvre. Côté élevage, la loi du 28 décembre 1966, souvent appelée loi Poly du nom de Jacques Poly, généticien de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et conseiller d’Edgar Faure, ministre de l’Agriculture de 1966 à 1968, met en place la sélection animale et l’amélioration génétique des productions animales. Dans le prolongement de cette démarche, les Chambres d’agriculture œuvrent très fortement pour l’ouverture des Établissements Départementaux de l’Élevage (EDE), véritable outil décentralisé d’amélioration génétique du cheptel. Enfin, les décennies 60, 70 et 80 marquent la féminisation de l’agriculture avec la reconnaissance du rôle de la femme au sein de l’exploitation. En 1980, les conjointes d’exploitants agricoles obtiennent le statut de co-exploitante qui leur permet de gérer la partie administrative et leur donne certains droits, comme l’accès à la retraite. Par ailleurs, les formations agricoles sont ouvertes aux femmes, leur permettant de reprendre et de diriger une exploitation agricole. Une trajectoire qui verra l’élection de Michèle Chezalviel, première femme élue présidente d’une Chambre d’agriculture, celle de Corrèze, en 1983.
 

1981-2000 : les Chambres d’agriculture confrontées aux défis de la mondialisation et problématiques sociétales

L’Europe et la France se retrouvent confrontées au développement du commerce international. À partir de 1992, les réformes de la PAC posent les prémices des impératifs environnementaux, introduisant des mesures incitant les producteurs à utiliser des méthodes plus respectueuses de l’environnement. Parallèlement, le commerce de produits agricoles est traité au GATT, puis à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans le cadre du cycle d’Uruguay (1986-1994) qui entre en vigueur en 1995. L’objectif à long terme de cet accord est d’établir un système d’échanges de produits agricoles équitable et axé sur le marché. En 1992, la première grande réforme de la PAC est adoptée, son objectif étant de réduire le budget global et d’abandonner le système des prix garantis illimités. La politique est passée d’un système de soutien du marché à une aide directe au revenu pour les agriculteurs et comprend de nouvelles obligations destinées à protéger l’environnement, ainsi que des mesures d’incitation visant à améliorer la qualité des denrées alimentaires. Pour la première fois, des paiements directs aux agriculteurs sont mis en place, sur la base de la superficie cultivée ou du nombre de bêtes détenues. Cette réforme voit également apparaître les signes européens de qualité AOP (Appellation d’Origine Protégée), IGP (Indication Géographique Protégée) et STG (Spécialité Traditionnelle Garantie). Une logique de distinction préemptée plusieurs années auparavant par les Chambres d’agriculture avec « Bienvenue à la Ferme ». Créé en 1988, Il s’agit du principal réseau de producteurs fermiers et d’accueil touristique dans les fermes par les agriculteurs français comprenant la vente directe de produits fermiers, les séjours, les loisirs et la restauration à la ferme.
 

2001 à 2024 : les Chambres d’agriculture contribuent à bâtir l’agriculture du XXIe siècle

Ces vingt dernières années voient une nouvelle révolution agricole apparaître motivée par l’émergence de défis multiples : économique, sanitaire, sociétal, climatique et démographique. En 2030, un agriculteur sur deux devra prendre des bouleversements de conditions de production inédits dont les effets sont déjà perceptibles sur les cycles agricoles. De l’autre, elle doit accélérer sa décarbonation pour contribuer à l’atteinte des objectifs nationaux de lutte contre le réchauffement climatique. Cette contribution, au-delà de reposer sur la production de 20 % des énergies renouvelables de notre pays, passe également par une importance toute particulière donnée à la préservation des sols comme source de production alimentaire, mais également comme potentiel de stockage de carbone important.