Modéliser et comprendre l’évolution du climat
La météo et l’évolution du climat : deux choses très différentes
La météo s’étudie sur une semaine, le climat sur plusieurs décennies. Il est donc possible de battre des records de froid lors d’un hiver alors qu’un réchauffement du climat est en cours. « Vous pouvez très bien être une personne calme pendant 30 ans et vous énervez pendant 72 h ». Pour évaluer l’évolution du climat, les scientifiques réalisent des projections climatiques : ce sont des scénarios d’évolutions possibles du climat sur au moins 30 ans, qui reposent sur des probabilités de changements à long terme. Ces projections climatiques ne permettent pas de prévoir le temps qu’il fera dans 30 ans : impossible donc de savoir aujourd’hui si le mois d’août 2050 sera plus chaud que le mois d’août 2045 à Vesoul !
Les projections climatiques à la base de la compréhension de l’évolution du climat
Des projections climatiques sont établies par le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) pour dessiner des trajectoires possibles d’évolutions du climat. Créé en 1988, cette association internationale établit des évaluations détaillées sur l’état des connaissances scientifiques et techniques sur les changements climatiques, leurs causes et les moyens d’y faire face. Le GIEC ne fait pas de recommandations mais des synthèses de recherches scientifiques, dont les rapports sont validés par les Etats membres eux-mêmes avant publication. Ces projections servent de support de réflexion aux politiques publiques des pays.
Vers quoi se dirige-t-on ?
Dans son dernier rapport de synthèse publié le 20 mars 2023, le GIEC présente plusieurs scénarios d’évolutions possibles de la température moyenne par rapport à la période 1850-1900, présentées ci-contre.
Pour rappel, les accords de Paris signés en 2015 insistent sur les efforts à fournir pour « limiter l'augmentation de la température à 1,5°C ». Cela correspond au scénario SSP1-1.9. Pour les plus pointus, cela correspond à un bilan radiatif de +1,9 W/m² à l’horizon 2100 (voir newsletter n°1 sur l’effet de serre). Or le scénario le plus probable aujourd’hui est le scénario SSP2-4.5, qui correspond à la mise en place des politiques climatiques actuelles sans mesures drastiques de réductions des émissions de GES dans le futur. La variation de la température moyenne globale serait donc de +2,7°C en moyenne en 2100 par rapport à la période 1850-1900 (avec une fourchette très probable de +2,1°C à +3,5°C).
En France, pour laquelle le réchauffement observé est de 1,7°C aujourd’hui, ce scénario SSP2-4.5 correspond à une augmentation moyenne de 3,7°C à l’horizon 2100 en France par rapport à 1850-1900. C’est cette valeur qui sert de référence pour la consultation publique lancée par le gouvernement jusqu’au 15 septembre prochain pour la trajectoire d’adaptation de la France. Nous verrons concrètement ce que veut dire une France à +4°C la semaine prochaine en partant de ce qui est déjà observé et ce à quoi on peut s’attendre.
Contact : Corentin MUSSIER au 03 84 77 13 26